Les
adrénergiques alpha2
Les adrénergiques
alpha2 spécifiques sont des médicaments dérivés
de la clonidine. Moins solubles, ils traversent moins la barrière
hémato-cérébrale et le risque d'hypotension artérielle
est abaissé. Ils diminuent la sécrétion d'humeur aqueuse
en bloquant la libération de noradrénaline dans la fente
synaptique. Leur spécificité alpha2 entraîne peu de risque
de vasoconstriction, notamment au niveau du nerf optique. L'inexistence d'effet
bêta explique l'absence de contre-indication cardio-pulmonaire.
L'association aux antidépresseurs tricycliques est contre-indiquée.
L'apraclonidine est le premier produit commercialisé dans cette classe
thérapeutique. A la concentration de 1%, son indication est l'hypertonie
post-laser. Le dosage 0,50% est utilisé dans le traitement chronique
du glaucome. En dépit de son efficacité pressionnelle,
l'indication, au long cours, est limité par la tachyphylaxie et le
pourcentage important d'allergies secondaires. La brimonidine est le second
médicament de cette classe. Il est mille fois plus sélectif
sur les récepteurs alpha2 que sur les récepteurs alpha1. Ainsi
des doses moindres peuvent être utilisées et la vascularisation
préservée. Il diminue la sécrétion de l'humeur
aqueuse, augmente l'écoulement par la voie uvéosclérale
et pourrait avoir une action trabéculaire en modifiant la matrice
extra-cellulaire du trabéculum. Il est efficace lorsque la PIO est
normale ce qui laisse espérer une efficacité dans la traitement
du glaucome à pression normale. Une étude sur 3 ans a
objectivé une efficacité comparable au timolol avec un abaissement
de 30 % de la PIO et l'absence de tachyphylaxie. Les allergies sont moins
nombreuses que pour l'apraclonidine, sans allergie croisée. Les effets
secondaires les plus fréquents demeurent cependant l'hyperhémie
conjonctivale et la sécheresse buccale rencontrées dans 17
à 30 % des cas. En association avec un bêtabloquant, leur
efficacité est équivalente à l'association
timolol-pilocarpine. La fixation sur les récepteurs alpha 2
rétiniens leur confère un potentiel neuroprotecteur augmentant
la survie des cellules ganglionnaires.
Les inhibiteurs
de l'anhydrase carbonique
L'acétazolamide
inhibe l'anhydrase carbonique au niveau des globules rouges. Ce blocage est
responsable de l'acidose métabolique et des effets secondaires du
produit, très mal tolérés dans 50% des cas. Le brinzolamide
et le dorzolamide ne provoquent pas d'effets secondaires néfastes
sur la vascularisation de la tête du nerf optique, ni de modification
des paramètres cardio-vasculaires. L'efficacité du dorzolamide
est un peu inférieure à celle du timolol et équivalente
à celle du bétaxolol, lorsqu'il est employé seul.
Associé au timolol, les résultats sont comparables à
ceux obtenus avec le même bêtabloquant et la pilocarpine donnée
trois fois par jour. Mais l'association au dorzolamide est mieux
tolérée. Les effets secondaires sont des brûlures locales,
des dermatites allergiques et une altération du goût dans 16
à 50 % des cas à 2 ans. Le mauvais état de
l'endothélium cornéen constitue une contre-indication relative
de la molécule. L'inhibition de l'anhydrase carbonique endothéliale
entrave le fonctionnement de la pompe endothéliale et donc la
déshydratation cellulaire. Ainsi, ce médicament sera utilisé
avec prudence dans les cas d'un comptage cellulaire limite, de cornéa
guttata, en particulier après la chirurgie. Le brinzolamide est une
nouvelle molécule qui est commercialisée depuis peu et vient
d'obtenir le remboursement. Les travaux précliniques objectivent la
quasi-sélectivité de cet inhibiteur puissant de l'enzyme II
de l'anhydrase carbonique, principale iso-enzyme impliquée dans la
formation de l'humeur aqueuse. En monothérapie le produit est apparu,
aussi efficace donné deux fois par jour que trois fois par jour. Ces
résultats sont équivalents à ceux du dorzolamide donné
trois fois par jour et un peu inférieurs à ceux du timolol
et l'absence d'échappement thérapeutique est notée.
L'association avec un bêtabloquant a fait l'objet d'une étude
incorporée au dossier d'AMM analysant les résultats de malades
traités par l'association brinzolamide-timolol ou par l'association
dorzolamide-timolol. La diminution additionnelle de la PIO par rapport à
la valeur de base obtenue avec le timolol est apparue équivalente
dans les 2 groupes. La tolérance locale a également été
évaluée. L'instillation de brinzolamide est ainsi apparue
statistiquement et cliniquement plus confortable que celle du dorzolamide.
Le collyre est une suspension de la molécule, insoluble dans l'eau,
à pH physiologique. Elle est mieux tolérée avec moins
de brûlures à l'instillation car son pH est équivalent
à celui des larmes. Aucun effet indésirable grave n'est apparu
au cours des études cliniques. La pharmacovigilance du produit
commercialisé aux Etats-Unis depuis avril 1998 a permis de confirmer
sa tolérance en utilisation réelle. Il n'y a pas eu d'effet
retrouvé sur la densité endothéliale cornéenne
ou la pachymétrie et les paramètres
biologiques. |
Les
prostaglandines
Les prostaglandines
favorisent l'écoulement de l'humeur aqueuse par la voie accessoire
uvéosclérale. Cette fonction est indépendante de la
PIO. Ainsi, un malade dont la PIO est peu élevée peut espérer
un abaissement pressionnel supplémentaire. La molécule agit
en relâchant le muscle ciliaire de manière réversible.
Il n'y a donc pas de trouble de l'accommodation, même à long
terme. La dissociation de la matrice extracellulaire induite facilite le
transport de l'humeur aqueuse au travers du muscle ciliaire. La médicament,
instillé une fois par jour, a une efficacité supérieure
ou égale à celle du timolol. Cependant, 10% des patients adultes
ne répondent pas au traitement, et il est peu efficace pour les glaucomes
de l'enfant (82 % d'échecs). Il n'y a pas de tachyphylaxie ni d'effet
systémique à 2 ans. Mais il ne faut probablement pas négliger
le potentiel vasoconstricteur de ces molécules, susceptible d'agir
sur la vascularisation de la tête du nerf optique. L'association au
timolol ou à la propine permet une baisse supplémentaire de
la PIO. L'association aux myotiques est plus discutée. Leur effet
s'opposant à celui des prostaglandines, les myotiques forts sont moins
efficaces. Les effets secondaires du latanoprost sont peu nombreux. Quelques
cas d'hypertension artérielle ont été notés et
le médicament doit être utilisé avec prudence dans les
asthmes sévères. Des risques de récurrence ou d'aggravation
herpétique existent. Cent cas répertoriés
d'dème maculaire cystoïde chez des patients
prédisposés imposent une extrême prudence dans l'emploi
de la molécule en post-opératoire. Le latanoprost peut
entraîner la résurgence d'une uvéite inactive. Les
uvéites actives ne paraissent pas majorées, mais le produit
est inefficace sur la PIO. Les glaucomes inflammatoires ne constituent pas
une bonne indication. Les risques de coloration irréversible de l'iris
des yeux prédisposés, liés à une augmentation
de la synthèse de mélanine, sont largement documentés
de même que l'allongement et l'épaississement des cils et la
pigmentation des paupières.
Les nouvelles
présentations
Les médicaments
sans conservateur procurent un meilleur confort et améliorent le pronostic
d'une chirurgie ultérieure. L'état inflammatoire chronique
de la conjonctive généré par les conservateurs pouvant
entraîner une cicatrisation exacerbée. Les formes à
libération prolongée et les associations thérapeutiques,
en réduisant le nombre d'instillations quotidiennes, permettent une
meilleure observance.
Propos recueillis par Henri Gracies
 |